SANOFI, une industrie pas comme les autres

Laurent Ziegelmeyer ancien syndicaliste, salarié de Sanofi Vitry

L’emploi est menacé à Sanofi

Questions à Laurent Ziegelmeyer, ancien syndicaliste, salarié de Sanofi Vitry depuis 1992.

La France a été une puissance pharmaceutique dont SANOFI était un fleuron. Entre patrons et syndicalistes, il y avait des désaccords, mais nous avions en commun l’objectif de produire du médicament et une certaine fierté d’être utile. Depuis une dizaine d’années, la logique financière a pris le dessus sur la stratégie industrielle. La rémunération des actionnaires, 50 % des bénéfices, est devenue la priorité !

La logique financière est fondée sur le court terme. La rentabilité s’évalue à 6 mois. La recherche, c’est du temps long. Il faut 9 à 12 ans pour qu’un nouveau médicament arrive sur l’ordonnance d’un malade. Et la recherche avance par tâtonnement, il faut savoir se tromper pour franchir de nouvelles étapes !

Sanofi touche130 millions par an de CIR. C’est considérable ! Eh bien ! en dix ans, nous sommes passés de 11 à 3 sites de recherche en France, de 7 000 salariés à 3 000. 

À l’évidence, avec le CIR, la France jette l’argent par la fenêtre.

Nos objectifs de recherche changent sans cesse. Nous sommes passés des « Blockbusters » à la chimiothérapie puis à l’immunologie. Chaque fois au prix de suppressions d’emplois et de reclassements. Certains en sont à leur cinquième suppression de poste en cinq ans ! Cela déstabilise les équipes. Et surtout, le travail perd son sens.

288 suppressions d’emplois, c’est énorme. Et c’est sans compter les emplois sous-traités, comme l’entretien, le gardiennage, la cantine… Beaucoup de Vitriot·es perdront leur travail si nous ne parvenions pas à inverser la situation. Mais j’ai bon espoir car l’ambiance est combattive, les assemblées générales sont massives. Et nous avons beaucoup de soutiens. Et si la population nous rejoint alors nous serons très forts.

Le médicament est un élément de la chaine de soin, il doit répondre aux besoins des patients. Parce qu’il est d’intérêt public, il doit être sous contrôle de l’État. Personnellement, je pense que le meilleur moyen est la nationalisation. Mais aussi en tirant parti de l’expérience de 1981. Pour être efficace la nationalisation doit associer rupture avec la logique de marché et véritable révolution démocratique.