Lycéen, sois jeune et tais-toi

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Les mobilisations de l’automne apostrophent le rôle de l’école.

Comme en écho aux répressions policières subies par des lycéens de Nanterre, les mobilisations ont débuté, à Vitry, le 18 octobre, journée d’action des travailleurs à laquelle les lycéens se sont associés.

Mots d’ordre essentiels des jeunes : abandon de la réforme de la filière professionnelle qui vise à augmenter le temps en entreprise au détriment des heures dédiées à l’enseignement général ; et refus de « Parcoursup » qui génère du stress et organise une sélection injuste.

Articles de presse et émotion parmi nos concitoyens : les dégradations et les violences qui ont parfois accompagné les blocus ont été condamnées de façon unanime. Pour les parents d’élèves, enseignants présents sur les lieux, élu.es et lycéens eux-mêmes, pas question de minimiser ou de cautionner les exactions : elles sont purement inacceptables.

Des inquiétudes ignorées

Néanmoins, tout cela questionne. En effet, combien d’interventions de parents, d’élu·es restées sans réponse ?  Combien de courriers d’équipes d’enseignants ont été ignorés  ? Des élu·es locaux ont également appuyé certaines de ces demandes, en vain. Au niveau des lycéens, il semblerait que les instances dites d’échanges n’aient plus aucun effet. Dès lors, quand la communication est rompue, comment se faire entendre ?

Les « autorités » tentent de faire passer les lycéens mobilisés pour des voyous et des casseurs. C’est bien ce qu’il s’est passé lors d’une réunion organisée avec les différents proviseurs des lycées vitriots et ivryens et la présence de Madame la Directrice des Services de l’Éducation Nationale.

Pourtant de nombreux parents présents, sur le lycée Jean Macé par exemple, ont veillé au bon déroulement des blocus et ont pu constater le calme, le sérieux, l’organisation, la volonté de se faire entendre et de se rendre visibles des jeunes lycéens, assurant la sécurité de chacun et le dialogue permanent avec les équipes enseignante et administrative du lycée. Mais ignorant cette dimension de sérieux, les revendications pourtant claires ont pu être balayées d’un revers de main lors de la réunion. Enfin, même s’il est indéniable que les forces de l’ordre ont dans la plupart des cas assuré l’intégrité physique de chacun, les faits rapportés faisant état de propos injurieux et de violences physiques à leur égard ou encore les conditions de garde à vue non conforme à la loi ne peuvent être que blâmés.

Il serait temps de les entendre

Les revendications des lycéens sont plus que légitimes. Comment cautionner des réformes qui s’enchainent et qui ne visent pas à leur épanouissement et accomplissement par les études ? 

Tout n’est qu’une question de dégradation des conditions d’apprentissage, de sélection financière et sociale, où nos jeunes vitriots sont les premiers concernés et lésés. Ils sont inquiets. 

Peut-être serait-il temps de les entendre et d’arrêter de les dénigrer. Les non-réponses apportées et le recours désormais systématique à la répression voire aux violences ne feront qu’exacerber l’incompréhension et la colère.

Il est urgent d’agir pour les jeunes, pour leur présent et leur futur, dans le respect et l’écoute. λ