L’ANRU doit être un outil pour les habitants, pas pour les promoteurs
L’ANRU a été créé pour répondre au mal de vivre dans les quartiers populaires, que la «révolte des banlieues» en 2005 a mis au grand jour. Mais l’ANRU est progressivement devenu le bras armé de l’État pour détruire du logement social et libérer des terrains constructibles pour les promoteurs dans des territoires en devenir.
Ainsi, la démolition est devenue la doctrine de l’ANRU, alors qu’elle est totalement anti-écologique et anti-sociale. Les architectes français, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, ont reçu en 2021 le Pritzker Price, le Nobel de l’architecture, justement parce qu’ils privilégient la rénovation à la démolition.
Et à juste titre. La démolition est un non-sens. C’est un gaspillage de bâtiments conçus pour durer, de matériaux et d’argent public. Elle provoque une grande pollution lors de la démolition et de la construction. Le bilan écologique et économique est désastreux.
C’est aussi un drame humain et social. Personne ne souhaite voir les lieux de son enfance être réduits en poussière.
Quand on démolit, c’est le plus souvent pour provoquer un changement de population. Plutôt que de combattre la pauvreté, on chasse les pauvres. De fait, les démolitions de grande ampleur concernent essentiellement le logement social.
Non la démolition ne doit pas être l’alpha et l’omega de la rénovation urbaine. Oui, il faut engager un bras de fer avec l’ANRU pour obtenir qu’elle respecte sa mission : améliorer le quotidien dans les quartiers populaires. Sinon, il faut lui dire NON comme d’autres maires l’ont fait. La rénovation doit être au service des habitant·es et non à celui des promoteurs.